Centre FORGE Afrique

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ACTUALITE

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Le 30 juillet 2020 à l’amphithéâtre 250 de l’Université de Yaoundé, Idrissa OUEDRAOGO a soutenu publiquement sa thèse de Ph.D. en Gouvernance et Intégration Régionale sur le thème « Gouvernance et formation du capital humain en Afrique subsaharienne ». Sa thèse a permis de mettre en évidence les formes spécifiques de gouvernances économique et politique les plus favorables à la formation du capital humain dans la région.
Le Jury était composé de 5 membres. Après plus de trois heures d’échanges autour de son sujet, le travail de Monsieur Idrissa OUEDRAOGO a été accepté avec la Mention Très Honorable.

 

Le candidat était précédemment titulaire d’un Master en Gouvernance et intégration régionale (Université Panafricaine et Université de Yaoundé II), un Master en Economie Appliquée (Université de Yaoundé II, Cameroun), un Master en Banque et Finance de l’Université de Rennes I (France), d’une Licence et d’une Maitrise en Macroéconomie et Gestion de l’Université Ouaga II (Burkina Faso).  

 


COVID19 : QUEL(S) MODELE (S) DE RELANCE POUR LE SECTEUR DES ARTS ET DE LA CULTURE AU BURKINA FASO ?

Pendant que tous les chercheurs et tradi-thérapeutes du monde entier s’activent pour trouver un remède à la pandémie du Corona virus, le monde de la culture pense à une relance de son secteur. Le milieu des arts et de la culture constitue un des maillons essentiels de la chaine la plus touchée au Burkina Faso et en Afrique depuis le déclenchement de la maladie à Corono virus. Plusieurs activités programmées ont été tout simplement annulées. Des concerts de danses et de musique en passant par les spectacles de théâtre, les organisateurs de tous ces évènements sont confrontés à ces durs exercices qui, le plus souvent, n’étaient pas préparés à cela. Tous les fondements qui prédestinaient à l’organisation des spectacles sont aujourd’hui ébranlés par l’interdiction de rassemblement de plus cinquante personnes.


L’annonce par le Chef de l’État Burkinabè du soutien du secteur de la culture à hauteur d’un milliard cent vingt-cinq millions et repris par le ministre des arts et de la culture est venu comme du pain béni pour les acteurs culturels même si les conditions du partage de cette manne restent un casse-tête chinois à en croire les acteurs de part et d’autre. Cette somme qu’on peut louer à juste titre reste pour le moment insuffisante pour apurer les engagements des acteurs culturels qui sont pour la plupart confinés chez eux en attendant une hypothétique fin de cette pandémie afin de reprendre de plus belle leurs activités. L’Allemagne a débloqué 50 milliards d’Euros pour soutenir les artistes et la culture face à la crise. Comparaison n’est pas raison. Mais nos gouvernants devraient s’en inspirer plus en copiant les bons exemples. La raison qui nous est servie quand on évoque le sujet du terrorisme, c’est que c’est un phénomène mondial que même les pays hypersoniques n’arrivent pas à vaincre cette hydre. Cependant, quand un pays accompli une prouesse comme mettre en place un programme d’aide aux artistes sous forme de subventions, de prêts ou de financement, on feigne souvent de ne pas voir, a fortiori copier cet exemple. Monika Grutters, ministre allemande de la culture et des médias affirme que : « les artistes sont non seulement indispensables, mais aussi vitaux, surtout maintenant. » Les dirigeants de nos États africains devront comprendre à travers cette assertion que nos Etats ne vont véritablement amorcer leur développement économique et social si le secteur des arts et de la culture continueront à rester à la traine avec des budgets oscillants à moins de 1% des budgets nationaux. C’est un secret de polichinelle de dire que la culture constitue l’un des parents pauvres de nos pays qui n’ont pas encore forcément amorcés la route des Etats-nations.

 

Ce qu’il est important de souligner et mettre à l’actif des acteurs œuvrant dans le secteur de la culture, c’est la résilience dont ils ont fait montre en se tournant très promptement vers le numérique afin de pouvoir toucher le maximum de personnes dans la sensibilisation sur les gestes barrières afin d’amincir le nombre de contaminations au Covid 19. Ces artistes à travers les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) se sont invités ingénieusement dans nos salons et nos foyers, sur nos smartphones, nos radios et nos télévisions. Nous en voulons pour exemple, la célébration de la journée internationale de théâtre le 27 mars 2020 où la Fédération Nationale du Théâtre au Burkina Faso (FENATHEB) à travers ses treize coordinations régionales ont inondé la toile d’informations et de sensibilisation sur la maladie à Covid 19. C’était une manière très spéciale de marquer d’une pierre blanche cette journée internationale dédiée aux hommes de théâtre. En plus de la sensibilisation certains ont posé des actes de solidarité vis-à-vis des citoyens démunis.

 

Aujourd’hui, il est impérieux de revoir nos modèles de diffusion des spectacles puisque les espoirs d’un retour à une situation normale de diffusion s’éloignent de plus en plus. La situation financière des potentiels spectateurs et amoureux des arts et de la culture s’amenuise par ricochet car la situation économique n’est guère reluisante avec une chute vertigineuse du taux de croissance jusqu’à 2% au Burkina Faso et pour la plupart des pays africains si les pays continuent à observer cette régression dans le traitement de la pandémie. C’est pourquoi les chefs d’États africains se sont coalisés pour demander l’annulation pure et simple de la dette.

 

Cet article loin d’être un tocsin culturel, invite tous les acteurs culturels à la réflexion sur l’après Covid-19. La culture et les arts ont encore de beaux jours pour peu que nous lui accordions la place qui est la sienne. Cette crise sanitaire a eu le mérite de mettre à nu les insuffisances structurelles et conjoncturelles de notre système culturel. C’est le lieu de repenser notre politique culturelle en mettant l’accent sur les collaborations mutuelles et internationales, la recherche scientifique et universitaire, et enfin le numérique comme catalyseur de diffusion des activités culturelles.


Auteur 

Dr Pingdewindé Issiaka TIENDRÉBÉOGO

Enseignant-chercheur à l’Université Joseph KI-ZERBO, Ouagadougou, Burkina Faso,

Directeur de l’Association Culturelle Sylvie CHALAYE (ACSC)

Coordonnateur de la Fédération Nationale de Théâtre au Burkina Faso (FENATHEB Région du Centre)

Membre du bureau exécutif du Carrefour International du Théâtre de Ouagadougou (CITO).

pingdewinde@yahoo.fr


FORGE-Afrique

FORGE-Afrique est un centre de recherche et de réflexion dédié à la recherche et aux traitements analytiques et théoriques des problèmes et faits économiques nationaux et internationaux. Il se donne pour objectif d’éclairer les prises de décisions dans la formulation et la mise en œuvre des politiques de développement économique et social. En rendant l’information économique pertinente, claire et accessible à tous à travers une analyse objective et citoyenne des évènements économiques, FORGE-Afrique vise à susciter des débats contradictoires sur des thématiques d’intérêt avéré et d’actualité. Le centre se veut donc au service des décideurs politiques, des collectivités locales, des organisations de la société civile, des entreprises et des citoyens.

 

FORGE-Afrique, Siège social : Rue 14.12 (1200 logements) ;  01 BP 1412 Ouagadougou Burkina Faso, Tel: +226) 25 36 35 20/76893978 ; Site web: www.forgeafrique.com ; Email: forgeafrique@gmail.com / contact@forgeafrique.com

 


25/04/2020
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ANALYSE ECONOMIQUE DES EFFETS DU COVID-19 AU BURKINA FASO

A l’instar des autres pays, le Burkina Faso est affecté par la propagation de la maladie à coronavirus (Covid-19). A la date du 22 Avril 2020, 2 628 527 individus étaient affectés par la maladie du Coronavirus (Covid-19) dans le monde dont 609 cas confirmés au Burkina Faso, faisant de ce pays l’un des plus affectés en Afrique sub-saharienne. Cela a incité les autorités à adopter rapidement des mesures protectrices. Cette recherche analyse l’impact de la propagation du Covid-19 sur l’économie du Burkina Faso. Pour ce faire, un modèle d’équilibre général calculable et des données réelles représentant la structure de l’économie burkinabè sont utilisés. Deux scénarios sont considérés.


Déclaration liminaire de la conférence de presse – COVID-19Télécharger

Policy Brief: Analyse économique des effets du Covid-19 au Burkina Faso Télécharger


Dans le premier scenario, il est supposé que la pandémie du Covid-19 s’estompe au bout de trois (3) mois alors que dans le second scenario, la pandémie dure environ six (6) mois. Les résultats indiquent des impacts importants tant sur le plan macroéconomique et sectoriel que sur le bien-être des agents. Tout d’abord, la croissance économique pourrait passer de 5,7 % en 2019 à une fourchette comprise entre +1,38 % et -1,75 % en 2020. Une telle évolution représente une perte de la richesse nationale allant de 345 milliards à 645 milliards de francs CFA. Ensuite une hausse du chômage est attendue. Elle sera comprise entre +1,93 % et +5,92% en raison de la baisse des productions sectorielles qui va de -3 % à -12 %.

 

Par ailleurs, il est attendu une contraction des exportations sectorielles pouvant aller de -6 % pour les produits d’extraction minière (l’or), à -16 % pour les produits de l’agriculture de rente (le coton). Cela fera perdre au Burkina Faso des ressources importantes contribuant ainsi à creuser davantage le déficit public qui se situerait entre -4,53 % et -6,12 %. Enfin, la flambée des prix agricoles et la hausse du chômage contribueront à réduire de manière drastique le pouvoir d’achat des ménages et ce, pour toutes les catégories socio-professionnelles.

 

En menant cette recherche les auteurs cherchent, non pas à alarmer, mais à attirer l’attention sur le fait que le phénomène qui nous affecte actuellement est assez grave de conséquences. Après les conséquences sanitaires, un désastre socio-économique pourrait s’en suivre si les autorités n’adoptent pas à temps les mesures adéquates pour redresser l’économie nationale.

 

Les mesures déjà prises ainsi que les affectations budgétaires laissent penser qu’il s’agit d’une gestion des effets de court terme. Or les effets de long terme seront de loin les plus importants. En guise de premières réflexions, nous pensons qu’il conviendra de réfléchir sur une stratégie globale, structurante et endogène de relance économique qui se fondera sur les capacités internes du pays et sur les besoins effectifs et réels des agents. Pour cela, il conviendrait d’entreprendre des actions de relance tant du côté de la demande que du côté de l’offre. Ainsi, il faudrait que les autorités Burkinabé fournissent un soutien temporaire et ciblé aux ménages notamment les plus vulnérables. Ensuite, un appui financier pourrait être accordé aux entreprises et aux secteurs (pourvoyeurs d’emploi) réellement en difficultés. Mais au-delà de ces actions ponctuelles qui du reste, sont déjà en application pour certaines d’entre elles, il importe de mettre l’accent sur la restructuration de l’appareil productif du pays pour en faire un système de production dédié essentiellement à la satisfaction de la demande domestique et qui s’alimente principalement de matières premières locales. Notons enfin que ces mesures devraient être implémentées dans un environnement social apaisé.


Auteurs

Pr Idrissa Mohamed OUEDRAOGO

Directeur de l'Ecole Doctorale/Université Aube Nouvelle, Ouagadougou, Burkina Faso ;

Centre de Formation, d'Orientation et de Recherche pour la Gouvernance Economique en Afrique (FORGE-Afrique)

idriss_mo@yahoo.fr

 

Dr Somlanare Romuald KINDA

Enseignant chercheur, Université Ouaga2, Ouagadougou, Burkina Faso ;

Centre de Formation, d'Orientation et de Recherche pour la Gouvernance Economique en Afrique (FORGE-Afrique)

kindaromuald@gmail.com

 

Dr Patrice Rélouendé ZIDOUEMBA

Enseignant chercheur/Université Nazi Boni, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso ;

Centre de Formation, d'Orientation et de Recherche pour la Gouvernance Economique en Afrique (FORGE-Afrique)

patrice.zidouemba@gmail.com


FORGE-Afrique

FORGE-Afrique est un centre de recherche et de réflexion dédié à la recherche et aux traitements analytiques et théoriques des problèmes et faits économiques nationaux et internationaux. Il se donne pour objectif d’éclairer les prises de décisions dans la formulation et la mise en œuvre des politiques de développement économique et social. En rendant l’information économique pertinente, claire et accessible à tous à travers une analyse objective et citoyenne des évènements économiques, FORGE-Afrique vise à susciter des débats contradictoires sur des thématiques d’intérêt avéré et d’actualité. Le centre se veut donc au service des décideurs politiques, des collectivités locales, des organisations de la société civile, des entreprises et des citoyens.

 

FORGE-Afrique, Siège social : Rue 14.12 (1200 logements) ;  01 BP 1412 Ouagadougou Burkina Faso, Tel: +226) 25 36 35 20/76893978 ; Site web: www.forgeafrique.com ; Email: forgeafrique@gmail.com / contact@forgeafrique.com

 

 


24/04/2020
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RÉINVENTER L’ETHNIE POUR SORTIR DE LA TYRANNIE IDENTITAIRE

Dernière partie de la trilogie consacrée au terrorisme proposée par notre compatriote Alain Sara, dont le centre de la réflexion porte sur l’intelligence économique. Parler d’identité est toujours délicat, car mal mené, cela peut conduire à des tragédies vues ailleurs et même à des situations regrettables, que bien souvent, nous avons malheureusement connues dans notre propre pays. Et je ne puis me permettre d’être prétentieux au point de savoir comment créer ou renforcer le sentiment national. Toutefois, j’ai osé à travers ces écrits, interroger l’identité du Burkinabè au 21e siècle.


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© rfi

Le lien social s’est désagrégé précipitamment ces dernières années surtout avec l’apparition du terrorisme. C’est devenu un euphémisme de dire que le Sahel est mal en point. Les symptômes de cette pathologie désormais chronique sont nombreux : la décomposition de l’État et sa « criminalisation », la « mafiatisation » de l’économie, le marasme socio-culturel, l’extrémisme violent, le repli identitaire, l’ « effacement de l’avenir » qui se traduit particulièrement par l’absence d’espérance et d’opportunités pour les nouvelles générations…

 

Face au chaos ambiant, le repli vers les identités semble être la forme de résilience que se sont choisies les communautés, mettant gravement en cause le vivre-ensemble et la sécurité humaine. Les mécanismes traditionnels de régulation de nos sociétés ne fonctionnent plus. Nous sommes dans un système de bureaucratie, qui, faute de régler définitivement les problèmes, les déplace pour toujours gagner du temps, sans véritablement s’attaquer aux causes réelles.
Mais qu’est-ce que l’identité ? Comment la définir ? Toutes ces questions sont à la fois existentielles et profondément ontologiques.
Les enjeux identitaires portent principalement sur deux aspects. L’identité désigne
« l’image que nous faisons de nous, à la fois dans ce que nous avons de spécifique, voire d’individuel (la carte d’identité), et dans ce que nous avons de commun (l’identité nationale), ainsi que l’image que nous nous faisons des autres, ce en quoi ils sont différents de nous ».

L’identité nait en même temps que les premières communautés humaines se forment. Principal marqueur social, elle permet à la communauté de reconnaître ses membres et aussi, de se distinguer d’autres communautés. L’identité n’est pas pour autant une singularité définitive. Il n’y a donc pas d’identité figée. Elle est évolutive dans le temps, en fonction de l’environnement et d’autres facteurs. La personnalité est constituée d’identités plurielles. L’identité peut-être :
- ethnique (les Marka, Mossi, Peul…) ;
- sexuelle (les homosexuels, hétérosexuels, pansexuels) ;
- religieuse (les animistes, juifs, chrétiens, musulmans, agnostiques…),
- professionnelle (les artisans, paysans, enseignants, commerçants…) ;
- sociale (différentes catégories sociales dans lesquelles les individus peuvent se ranger en fonction notamment de leur sexe, de leur âge, de leur métier, de leur statut dans la famille, de leur localisation géographique, de leur nationalité, de leur ethnie, de leurs occupations, loisirs ou sports favoris, de leur appartenance à un parti politique …) ;
- nationale (construction identitaire regroupant des races, ethnies, tribus, clans, familles…)…

Il faut souligner que certains aspects de l’identité peuvent être en contradiction . Mais je ne m’étalerai pas là-dessus puisque ce n’est pas le propos de mon article.
Les identités sont en crise dans un monde globalisé qui travaille à standardiser les valeurs et à uniformiser les comportements. En effet, la mondialisation fonctionne comme un rouleau compresseur qui semble écraser tout particularisme. Pour survivre, les identités sont contraintes à devenir plus fortes depuis que l’hégémonie libérale est au cœur de la finitude humaine.

Le phénomène terroriste nous montre clairement que le Burkina Faso est une «nation malade de l’identité». Le processus historique de construction nationale est resté inachevé. Pour bâtir une nation, il faut asseoir nécessairement une identité puissante. La République de Haute-Volta ayant été considérée comme un legs de la colonisation, les dirigeants du Conseil National de la Révolution avaient décidé d’inventer une identité objet de fierté et de projection vers l’avenir pour se débarrasser du «passé réactionnaire et néocolonial ». En effet, un des mérites de la Révolution restera le « dépassement» de l’ethnie pour l’émanciper des rapports de forces. En fin de compte, le Burkinabè ultime n’a été incarné que par le père de la Révolution Burkinabè lui-même, tellement cette identité exigeait une élévation morale et un patriotisme sans commune mesure.
Notre passé ne doit plus nous servir d’exutoire, car il a mieux à nous offrir. Il nous donne la force, le réarmement spirituel et moral qu’il faut pour féconder l’avenir. Nous devons prendre conscience que la nation se construit dans le rassemblement et la générosité. Elle s’édifie avec espérance et détermination, car « sans foi dans l’avenir, il n’y a pas de force dans le présent. »

Nos mythes fondateurs doivent nous donner l’ancrage nécessaire et la confiance qu’il faut pour atteindre nos idéaux collectifs de progrès social, sans nous enfermer dans des schémas cognitifs. Il est urgent de réconcilier chaque Burkinabè avec lui-même et avec les autres. Pour cela, nous devons ensemble consentir les sacrifices exigés pour que le Burkina de demain soit une « utopie réelle ». Liés par l’Histoire et le devenir, nous devons nous montrer à la hauteur des exigences pour que naître Burkinabè ne soit pas une malédiction, une honte, un regret.

Ouvert au monde et ouvert sur le monde, le Burkinabè doit l’être parce que profondément convaincu de sa contribution au progrès de l’humanité.
Aujourd’hui, que laissons-nous à la postérité ? ma réponse est de poursuivre le dialogue entre hier et demain pour permettre que l’ethnie soit transcendée par d’autres représentations sociales à imaginer. Le Burkinabè de demain ne nous pardonnera pas si nous échouons. L’ethnie à concevoir devra s’affranchir de certains héritages. Elle doit pouvoir bannir les hiérarchies, les exclusions, les privilèges, surtout de naissance pour mettre au monde une nouvelle méritocratie. L’ethnie sera dynamique et permettra à l’individu de se réinventer à tout moment, d’embrasser d’autres singularités. Il faut créer autre chose, surtout pas contre les autres. Une « identité heureuse » qui nous permette de coexister pacifiquement à l’intérieur de notre pays et partout ailleurs. Cette intention devra aller au-delà des vœux pieux en privilégiant l’altérité et l’empathie à l’instinct de conservation.

 

Nous devons parvenir à réduire le passéisme qui constitue la partie dominante de l’identité Burkinabè. Les vieilles idéologies, les croyances stériles, ainsi que la stigmatisation de la différence ne viendront pas à bout du mal-être présent. La xénophobie rampante, la banalisation de l’ethnicisme, la peur de l’autre… ne nous accorderons pas le rang que nous méritons dans ce monde. Des innovations sociales courageuses sont nécessaires pour la transformation de nos consciences collectives. L’identité est une construction pour féconder des utopies. L’identité, c’est ce qu’il y a de meilleur en nous à laisser à la postérité pour continuer ce travail formidable de réinvention continue du monde.

 

Lors d’un séjour à El Fasher au Soudan en 2013, j’ai eu la maladresse demander à des militaires rwandais comment distinguer le Hutu du Tutsi. Sidérés, ils l’étaient tous. Alors l’un deux pris la parole pour me dire qu’il n’y a plus ni Hutu, ni Tutsi. Il n’y a que le Rwandais. Au-delà de l’anecdote, ce que j’ai retenu, c’est la capacité d’une nation à se débarrasser de tout ce qui justement l’empêche d’en être une.
Pour que l’identité ne soit pas un héritage encombrant mais plutôt un projet collectif innovant, nous devons avoir à l’esprit qu’il y va de notre survie et nous devons urgemment réfléchir à comment ne pas disparaître en tant que communauté de destin.
Chacun pourrait se revendiquer du terroir où il a envie de vivre sans être traité d’allogène. Seront fille et fils d’une région, toutes les personnes qui ont un lien affectif très fort avec elle et contribuent à sa montée en puissance. Patria est ubicumque est bene l’a si bien écrit Cicéron .

Cela semble utopique n’est-ce pas ? Justement, il faut de l’audace pour triompher des déterminismes, de tout ce qui peut paraître immuable.
Nous devons réinventer l’ethnie si nous voulons lui survivre.

 

SARA Alain
Auteur du livre : Stratégie de sécurité économique pour le Burkina Faso
saraalain.bf@gmail.com

 

kaceto.net

 


03/10/2019
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